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jeudi 8 juillet 2010

Car l'évolution des mots ne suffit pas, la grammaire, la rhétorique et la poétique sont aussi concernées.

Chronique d'abonnés

Une langue vivante de référence, la langue française

par Michel Borel, prospectiviste
Tute communauté possède un bien précieux, sa langue, premier lien entre tous ses membres et porteuse, en elle, de tout ce qui en fait l'esprit. Mais dès lors que cette communauté ne vit plus seule, qu'elle s'associe à d'autres dans un ensemble où chacune a son propre mode d'expression - Babel en fit l'expérience en son temps -, l'incommunicabilité s'instaure, les incompréhensions s'installent, les conflits s'insinuent.
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L'union durable des peuples ne se fait pas sur des intérêts matériels ; ceux-ci sont trop aléatoires et deviennent souvent contradictoires. L'ensemble se disloque, car il n'a pas, comme en maçonnerie, un liant qui maintient la cohésion des éléments.
Pour donner un exemple, la formation de la Communauté Européenne s'est fondée sur la volonté commune, franchement affirmée, de la France, de l'Allemagne et de certains pays limitrophes de ne plus jamais revivre les horreurs que l'Europe avait connues au XXe siècle, sans parler des conflits des siècles précédents. Cette exigence transcendante est toujours le liant de l'Union Européenne et elle fut souvent rappelée lors des campagnes de ratification du Traité de Maëstricht ou d'adoption de la constitution européenne. Mais avec l'ouverture de l'Union Européenne, ce ciment tiendra-t-il, quand les déséquilibres économiques viendront fragiliser l'ensemble ? Même si les nouveaux entrants ont vécu eux aussi les drames des deux dernières guerres ? Il est vraisemblable qu'il faudra consolider ce ciment si l'on veut que l'ensemble tienne, mais le trouvera-t-on s'il doit transcender les préoccupations quotidiennes de chacun ?
La francophonie illustre le propos. La langue française en est le liant ; il est évident que, par rapport à l'exemple précédent, les enjeux ne sont, de loin, pas les mêmes. Mais pour ses pays membres, la volonté de se rassembler autour d'une langue témoigne de l'intérêt qu'ils lui portent comme fondement essentiel de leur rapprochement.
En outre, si des pays non francophones viennent s'y joindre, faut-il prosaïquement n'y voir qu'une simple envie de se rallier à quelque chose d‘existant ? Dans quel but ? Il est quand même difficile de croire que l'attrait financier soit à l'origine de leur démarche, les subsides de la francophonie ne devant pas être particulièrement abondants ! Certes, un peu, c'est mieux que rien, mais encore ! Peut-être cherchent-ils autre chose, comme une sorte de référence culturelle et morale que, pour eux, notre langue symboliserait ?
Car il est indéniable que, dans un monde qui donne l'impression d'être tiraillé de toute part, se rapprocher de quelque chose qui affiche une certaine stabilité et qui serve de point d'ancrage est vraisemblablement une ambition à laquelle plusieurs pays doivent aspirer. La langue française, de par son passé et ce qu'elle a acquis au cours du temps, ne pourrait-elle être un de ces pôles de ralliement ? Certains faits le laissent penser.
Mais encore faut-il qu'elle soit vivante, qu'elle sache suivre le monde dans son évolution !
La langue française est vivante, où du moins la considère-t-on comme telle. Et si elle l'est, c'est qu'elle s'adapte à son temps. Mais pour qu'il en soit ainsi, encore faut-il que ce qui en fait l'essence, que ce qui en fait qu'elle soit le français et pas n'importe quel mode d'expression verbale ou écrite soit parfaitement préservé et qu'on l'y reconnaisse ainsi.
Ce qui l'identifie notamment c'est son vocabulaire, sa grammaire, sa rhétorique et sa poétique, à savoir, les mots qui la composent, les règles qui s'appliquent à leur emploi, la manière dont on en fait usage, en particulier pour exprimer la beauté. Car l'évolution des mots ne suffit pas, la grammaire, la rhétorique et la poétique sont aussi concernées.
Or toute cette gradation de ce qui fait notre langue est soumise aux exigences du temps qui passe, d'une pensée et de mœurs qui changent. Et dans cette évolution permanente, il importe qu'elle ne perde jamais son identité et ce qui en fait sa richesse. La faire vivre et connaître passe par l'enseignement du français ; mais à quoi sert-il de faire le tour des auteurs qui jalonnent son histoire, de faire découvrir les beautés de ce qu'ils ont écrit, si les disciples ne sont pas admis à y exercer eux-mêmes leurs talents à la dire et à l'écrire ?
En aparté : L'auteur se souvient ici de cette composition française où, pour décrire un de ces personnages forts et malfaisants - jamais dans les rôles principaux afin qu'ils aient le loisir d'exercer leur perversité - des tragédies de Racine, il avait employé volontairement l'expression « doué de tous les vices ». Il fut repris et sanctionné par l'enseignant parce que les mots avaient des sens contraires. Où était donc passée « l'obscure clarté qui tombe des étoiles » dont on lui vantait si souvent la beauté ? C'est Mozart qu'on assassinait et combien de professeurs se prêtent à cet assassinat !
Mais revenons à notre propos ! Prenons par exemple, en grammaire, les conjugaisons dont la langue française regorge en modes et temps parmi lesquels certains sont tombés en désuétude. Faut-il les maintenir ? Que perdrait-on à les supprimer ? Y gagnerait-on quelque chose ? Comment faudrait-il les enseigner pour qu'ils soient à nouveau en usage ? Le passé simple, par exemple, est parfaitement connu des enfants qui l'entendent régulièrement dans les contes et les histoires qu'on leur lit et en comprennent sans difficulté la signification. Et pourtant, il s'est exclu de la vie courante, orale et écrite, des adultes. Serait-ce un temps dont l'usage demande la fraîcheur enfantine ? Comment en améliorer l'apprentissage et la pratique ?
Prenons encore, comme exemple à la limite de la rhétorique et de la grammaire, l'emploi des suffixes. Celui des préfixes semble être entré plus librement dans l'usage pour certains d'entre eux tout au moins. Il n'en est pas de même pour les suffixes qui paraissent introduits dans les mots de manière immuable. Il est vrai que leur enseignement est assez anecdotique ; ils n'apparaissent pas comme une facilité qui apporte plus de richesse à la langue et c'est dommage, car elle y gagnerait beaucoup en souplesse d'emploi si leur signification individuelle était plus précise.
Ainsi, quel mot horrible à l'oreille que celui de facilitateur entendu à plusieurs reprises, chaque fois en grinçant des dents ! Ou encore, comment se donner un substantif pour exprimer que quelque chose a été complété ? Serait-ce : complémentation, complétude, complétion, etc. ? Les mathématiques s'inventent parfois des mots qui ne sortent pas du cercle des initiés sauf que, parfois, ils leur échappent pour se fondre dans le langage courant.
Enfin, considérons les pluriels des adjectifs en -al. À moins que des raisons étymologiques en expliquent les particularités, doit-on les maintenir ? Faut-il les abolir ? Il est vrai qu'à l'oreille, des objectifs finaux, par exemple, ne sonnent pas très futé, surtout si on les considère finals !
Et c'est parce que notre langue saura respecter ce qu'elle a d'essentiel au cours de son évolution qu'elle vaincra le temps et l'espace pour se rendre utile et même indispensable à ceux qui l'aiment et la choisissent.

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