«La Serbie ne reconnaîtra jamais l'indépendance du Kosovo»
RÉACTIONS
Par LIBÉRATION.FR

Des habitants du Kosovo brandissent des drapeaux le 17 février 2008 à Pristina. (AFP Dimitar Dilkoff)
La déclaration d'indépendance du Kosovo «n'a pas violé le droit international». La Cour internationale de justice (CIJ) a rendu jeudi son avissur la question, un avis non contraignant. Peuplé à 90% d'Albanais, le Kosovo, alors province de Serbie, a autoproclamé son indépendance le 17 février 2008. 69
pays l'ont reconnue, dont les Etats-Unis et 22 des 27 pays membres de l'Union européenne.
pays l'ont reconnue, dont les Etats-Unis et 22 des 27 pays membres de l'Union européenne.
La Serbie
«La Serbie, bien entendu, ne reconnaîtra jamais l'indépendance du Kosovo», a répété Boris Tadic, le président du pays. La Serbie «est convaincue que cette sécession unilatérale et ethniquement motivée n'est pas en accord avec les principes des Nations unies». Un peu plus tôt, Vuk Jeremic, le ministre serbe des Affaires étrangères, a appelé les Serbes à ne pas répondre «aux éventuelles provocations». «Il est primordial de garder notre calme, de rester persévérants, résolus et unis dans la poursuite de ce combat». La Serbie considère le Kosovo comme l'une de ses provinces et comme le berceau de l'histoire nationale.
Le Kosovo
Fatmir Sejdiu, le président kosovar, estime que «la décision lève enfin tous les doutes que pourraient avoir les pays qui ne reconnaissent pas encore la République du Kosovo». «Nous appelons la République de Serbie et en l'occurrence le président [Boris] Tadic et son gouvernement à abandonner l'approche qu'ils ont eue jusqu'ici», a poursuivi le président, qui a qualifié ce jeudi de «journée bénie pour la République du Kosovo et tous ses citoyens». Fatmir Sejdiu a appelé tous les pays qui n'ont pas reconnu le Kosovo à le faire «dès que possible». «Désormais, le Kosovo fonctionnera comme un Etat», considère Hashim Thaci, le Premier ministre.
L'Abkahzie
En Abkhazie, région séparatiste de Géorgie, les autorités se félicitent de la décision de la CIJ. Elle a «encore une fois confirmé le droit à l'autodétermination de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud», a souligné Sergueï Bagapch, le président abkhaze. Après son intervention militaire en Géorgie à l'été 2008, la Russie s'est résolue à reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie et de la Géorgie, les deux territoires sécessionnistes géorgiens. La décision de la CIJ montre «que la position de la Russie était parfaitement juste», a ajouté Sergueï Bagapch.
La Russie
La Russie ne considère pas la partie finie. «Nous estimons que le règlement du problème du Kosovo est possible seulement par la poursuite des négociations entre les parties intéressées», a fait savoir le ministère des Affaires étrangères. «Il est primordial que la Cour ait donné son avis uniquement sur la déclaration, soulignant justement qu'elle n'examinait pas dans l'ensemble la question du droit du Kosovo à la séparation d'avec la Serbie de manière unilatérale». La Fédération russe craint que le Kosovo ne crée un précédent pour les séparatistes du Caucase nord (tchétchènes, etc.).
La France
La France juge l'indépendance «irréversible». «Pensant à la déception probable de Serbes et à la possible satisfaction des Kosovars je renouvelle mon amitié personnelle et celle du peuple français à ces deux pays», a souligné Bernard Kouchner. Le ministre des Affaires étrangères a appelé «tous les Etats qui attendaient cet avis pour prendre une décision sur la reconnaissance du nouvel Etat à ne plus tarder davantage».
Les Etats-Unis
Appel semblable de la part d'Hillary Clinton. La secrétaire d'Etat américaineappelle tous les Etats, y compris la Serbie, à reconnaître l'indépendance du Kosovo.
L'Union européenne
Catherine Ashton, chef de la diplomatie de l'UE, estime que la CIJ a «ouvert une nouvelle phase». «L'avenir de la Serbie se situe dans l'Union européenne, celui du Kosovo aussi», a souligné la baronne britannique, qui précise que l'UE «se tient prête à faciliter un processus de dialogue entre Pristina et Belgrade».
L'ONU
La déclaration d'indépendance du Kosovo «n'a pas violé le droit international»

(REUTERS/Jerry Lampen)
La déclaration d'indépendance du Kosovo «n'a pas violé le droit international général», a estimé jeudi la Cour internationale de Justice (CIJ) dans un avis consultatif sur la légalité de cette déclaration.
La cour «conclut que la déclaration d'indépendance du 17 février 2008 n'a pas violé le droit international général», a déclaré Hisashi Owada, le président de la CIJ, au Palais de la Paix de La Haye.
La Serbie ne reconnaît pas la proclamation d'indépendance du Kosovo, considérant ce territoire comme sa province méridionale. Elle souhaite des négociations sur le statut du Kosovo, ce dont Pristina ne veut pas entendre parler.
«Si le tribunal soutenait la sécession, aucune frontière dans le monde et dans la région ne serait sûre», avait affirmé jeudi matin à La Haye le ministre serbe des Affaires étrangères Vuk Jeremic, cité par l'agence Tanjug.
Le conflit de 1998-1999 entre les forces de Belgrade et les maquisards indépendantistes kosovars a fait environ 13.000 victimes, la plupart des Albanais du Kosovo, et 1.862 personnes sont toujours portées disparues.
Reconnu par 79 pays
Belgrade avait obtenu le 8 octobre 2008 de l'Assemblée générale des Nations unies qu'elle saisisse la CIJ, principal organe judiciaire de l'ONU, sur la légalité de la proclamation d'indépendance du Kosovo du 17 février 2008.Du 1er au 11 décembre 2009, la Serbie, le Kosovo et 29 Etats, dont les Etats-Unis et la Russie, avaient participé à une procédure orale à La Haye. Soixante-neuf pays, dont les Etats-Unis et 22 des 27 pays de l'Union européenne, ont jusqu'ici reconnu l'indépendance du Kosovo, qui compte deux millions d'habitants, dont 90% sont Albanais.
Washington avait d'ailleurs réitéré mercredi son «plein soutien» à l'indépendance du Kosovo à l'occasion d'une visite du Premier ministre kosovar Hashim Thaçi au vice-président américain Joe Biden. La Russie, allié traditionnel de Belgrade, ne reconnaît pas l'indépendance. Depuis sa création en 1946, la CIJ a rendu 24 avis consultatifs sur demande de l'ONU.
(Source AFP)
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