La crise de la dette souveraine fait une pause... avant de rebondir ailleurs?
Lundi, l’International Herald Tribune (reprenant un article du New-York Yimes) s’étonne d’ailleurs du « changement rapide de la psychologie des investisseurs » dans un long article titré : « Soudain, les investisseurs apprécient l’Europe » (« Suddenly, Europe is looking good to investors », article qui cite l'interview de Jean-Claude Trichet que vous avez pu lire sur ce blog). Il rejoint l’avis de l’Allemand Klaus Regling, patron, depuis le 1er juillet, du Fonds européen de stabilisation doté de 440 milliards d’euros, qui affirme dans les Échos : « tout indique que la situation se normalise en Europe ». « Je constate simplement que les marchés financiers sont devenus plus calmes ces dernières semaines, depuis que les ministres des finances européens ont décidé de mettre sur pied ce fonds de stabilisation », ajoute celui qui fut longtemps directeur général chargé des affaires économiques et monétaires à la Commission. La dernière incertitude qui pesait sur l’existence de ce fonds a été levée jeudi lorsque la Slovaquie a enfin donné son feu vert à sa création.
Les bonnes nouvelles sont tombées en cascade ces derniers jours : la Grèce a réussi son retour sur les marchés en empruntant 1,65 milliard le 13 juillet à un taux élevé (4,65 % à six mois), mais guère plus qu’il y a deux mois, lorsqu’elle n’avait pas annoncé son plan de rigueur. L’Espagne, elle aussi, est parvenue, sans difficulté, à émettre des obligations d’État à trois reprises en juillet : le 15 juillet, elle a levé 3 milliards d’euros à 15 ans à 5,116 % contre 4,43 % en avril. Même succès pour le Portugal et l’Italie. Ce qui éloigne le spectre d’une intervention du Fonds de stabilisation. La Banque centrale européenne (BCE) a, de son côté, considérablement ralenti ses achats de dette souveraine sur le marché secondaire (celui de la revente), ce qui confirme que la situation se normalise.
« Désormais, nous avons les instruments de torture nécessaires dans le tiroir pour intervenir si les marchés s’attaquent encore à un pays de la zone euro », s’est réjoui hier, Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe, l’instance qui regroupe les ministres des Finances de la zone euro, lors d’un entretien que j’ai eu avec lui. Il aura fallu six mois à la zone euro pour se mettre en ordre de bataille, mais elle a désormais les instruments nécessaires pour réagir…
Les plans d’austérité adoptés par les États les plus fragiles de la zone euro sur le plan budgétaire
commencent, eux aussi, à faire sentir leurs effets sur les comptes publics. C’est notamment le cas de la Grèce dont le FMI et la Commission viennent de souligner les « progrès considérables » accomplis en quelques mois sur la voie du redressement de ses finances. Pour les six premiers mois, le déficit grec a ainsi été réduit de près de 50 % par rapport à la même période de 2009.
Cela étant, les marchés restent l’arme aux pieds, comme le montre les taux d’intérêt des CDS, les « credit default swap », ces assurances contractées par les prêteurs pour se couvrir d’un éventuel défaut de l’État, qui restent à leur plus haut, en dépit du plan d’aide européen à la Grèce et de la création du Fonds de stabilisation. Ce qui indique que les marchés parient toujours sur un défaut de paiement de la Grèce, mais aussi de l’Irlande, de l’Espagne ou du Portugal… Il faudra plusieurs mois, voir plusieurs années, pour que la confiance revienne et que les investisseurs se persuadent qu’ils retrouveront bien leur argent.
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