La Suisse, moins misogyne que la France?
A partir de janvier 2011, les femmes seront majoritaires — quatre, pour trois hommes — au Conseil fédéral helvétique, c'est-à-dire le gouvernement suisse. Pas mal, pour un pays où les femmes ont obtenu le droit de vote au niveau national en… 1971! Gilbert Casasus, Professeur en « études européennes » à l'Université de Fribourg, en Suisse, ,nous explique le pourquoi du comment.

e n’est qu’en 1971 que les femmes suisses ont obtenu le droit de vote au niveau national. La Confédération helvétique passait alors pour un pays rétrograde, sexiste, machiste et hyper conservateur. Par la suite, elle restait quelque peu fidèle à cette image, n’élisant qu’en 1984 sa première Conseillère fédérale, la libérale Elisabeth Kopp. Engluée dans un scandale touchant d’abord son mari, elle fut obligée de présenter sa démission dès janvier 1989. Restée aux affaires pendant seulement quatre ans, son passage à la tête de l’État a également desservi la cause des femmes.
Aujourd’hui, la roue de l’histoire a heureusement tourné en leur faveur. En effet, d’ici le 1er janvier 2011, la Suisse pourrait avoir plus de femmes que d’hommes au sein du gouvernement national, composé de sept conseillers fédéraux.
Arrivé aux affaires en 1995, le plus ancien d’entre eux, le social-démocrate Moritz Leuenberger a annoncé qu’il se retirera, fin décembre, de son poste, après quinze années de bons et loyaux services passées à la tête du « Département fédéral de l’environnement des transports, de l’énergie et de la communication ». Dès son retrait connu, les socialistes suisses ont décidé de favoriser une candidature féminine pour le remplacer. Conformément au système politique en vigueur à Berne, et dont le fonctionnement mériterait une explication beaucoup plus fournie que celle livrée dans cet article, il revient au parti du Conseiller fédéral démissionnaire de présenter un ou plusieurs candidats, en situation de le remplacer. Les Libéraux et les Verts, ayant d’ores et déjà donné leur accord à cette procédure, l’élection d’un socialiste, ou plutôt, d’une socialiste paraît acquise.
Bien que plusieurs noms circulent dorénavant dans les travées du Palais fédéral, les yeux sont aujourd’hui rivés sur le choix non du successeur, mais de la « successeuse » de Moritz Leuenberger. En effet, le Conseil fédéral, soit l’exécutif suisse, compte déjà trois femmes sur sept membres. La droite bourgeoise y est représentée par la Cheffe – attention de ne pas oublier les « ff » et le « e » - du « Département fédéral de Justice et de Police » en la personne de la Grisonne Eveline Widmer-Schlumpf, alors que la socialiste genevoise Micheline Calmy-Rey dirige les Affaires étrangères et la chrétienne-démocrate et Argovienne Doris Leuthard cumule en cette année 2010 le poste de « Cheffe du Département fédéral de l’Économie » et celui de « Présidente de la Confédération », poste imparti pendant un an, à tour de rôle, à chaque Conseiller fédéral.
Par conséquent, si une socialiste, issue vraisemblablement de la Suisse alémanique, devait succéder à partir de 2011 à Moritz Leuenberger, la Confédération helvétique serait gouvernée par quatre femmes contre trois hommes. De plus, avec une chancelière chrétienne-démocrate, la Grisonne Corina Casanova, soit une sorte de Secrétaire générale du gouvernement, Berne s’est résolument mis à l’heure féminine.
Certes, la situation pourrait s’inverser si Micheline Calmy-Rey devait renoncer à ses fonctions d’ici la fin 2011. Avec l’élection d’un socialiste romand, les hommes pourraient redevenir majoritaires au sein de l’exécutif de la Confédération. A condition toutefois que le libéral Hans-Rudolf Merz ne se décide pas à laisser, à son tour, son poste à une femme issue de son parti.
L’observateur étranger retiendra deux leçons. D’abord que la Suisse, autrefois décriée avec raison pour sa misogynie, est devenue en l’espace de quarante an l’un des pays les plus ouverts à la présence féminine au sein de son exécutif national. Ensuite, qu’elle n’a pas eu besoin de loi pour faire de la parité une composante de sa démocratie parlementaire. Aujourd’hui, politiquement au diapason de la réalité sociologique, culturelle et intellectuelle de sa société, elle a presque valeur d’exemple. A une exception près : ladite « Union démocratique du Centre », le plus grand parti de Suisse, reste profondément masculin. Avec à sa tête le paysan saint-gallois Toni Brunner, le Conseiller fédéral zurichois Ueli Maurer, Chef du « Département de la Défense, de la protection de la population et des Sports », de même qu’avec son mentor, le riche industriel zurichois Christoph Blocher, ce parti résolument anti-européen, xénophobe et lié à la nouvelle droite, prouve une fois de plus que l’égalité des sexes n’a vraiment pas sa place dans une formation qui exploite son fonds de commerce en puisant ses sources dans le refus de l’altérité.
Aujourd’hui, la roue de l’histoire a heureusement tourné en leur faveur. En effet, d’ici le 1er janvier 2011, la Suisse pourrait avoir plus de femmes que d’hommes au sein du gouvernement national, composé de sept conseillers fédéraux.
Arrivé aux affaires en 1995, le plus ancien d’entre eux, le social-démocrate Moritz Leuenberger a annoncé qu’il se retirera, fin décembre, de son poste, après quinze années de bons et loyaux services passées à la tête du « Département fédéral de l’environnement des transports, de l’énergie et de la communication ». Dès son retrait connu, les socialistes suisses ont décidé de favoriser une candidature féminine pour le remplacer. Conformément au système politique en vigueur à Berne, et dont le fonctionnement mériterait une explication beaucoup plus fournie que celle livrée dans cet article, il revient au parti du Conseiller fédéral démissionnaire de présenter un ou plusieurs candidats, en situation de le remplacer. Les Libéraux et les Verts, ayant d’ores et déjà donné leur accord à cette procédure, l’élection d’un socialiste, ou plutôt, d’une socialiste paraît acquise.
Bien que plusieurs noms circulent dorénavant dans les travées du Palais fédéral, les yeux sont aujourd’hui rivés sur le choix non du successeur, mais de la « successeuse » de Moritz Leuenberger. En effet, le Conseil fédéral, soit l’exécutif suisse, compte déjà trois femmes sur sept membres. La droite bourgeoise y est représentée par la Cheffe – attention de ne pas oublier les « ff » et le « e » - du « Département fédéral de Justice et de Police » en la personne de la Grisonne Eveline Widmer-Schlumpf, alors que la socialiste genevoise Micheline Calmy-Rey dirige les Affaires étrangères et la chrétienne-démocrate et Argovienne Doris Leuthard cumule en cette année 2010 le poste de « Cheffe du Département fédéral de l’Économie » et celui de « Présidente de la Confédération », poste imparti pendant un an, à tour de rôle, à chaque Conseiller fédéral.
Par conséquent, si une socialiste, issue vraisemblablement de la Suisse alémanique, devait succéder à partir de 2011 à Moritz Leuenberger, la Confédération helvétique serait gouvernée par quatre femmes contre trois hommes. De plus, avec une chancelière chrétienne-démocrate, la Grisonne Corina Casanova, soit une sorte de Secrétaire générale du gouvernement, Berne s’est résolument mis à l’heure féminine.
Certes, la situation pourrait s’inverser si Micheline Calmy-Rey devait renoncer à ses fonctions d’ici la fin 2011. Avec l’élection d’un socialiste romand, les hommes pourraient redevenir majoritaires au sein de l’exécutif de la Confédération. A condition toutefois que le libéral Hans-Rudolf Merz ne se décide pas à laisser, à son tour, son poste à une femme issue de son parti.
L’observateur étranger retiendra deux leçons. D’abord que la Suisse, autrefois décriée avec raison pour sa misogynie, est devenue en l’espace de quarante an l’un des pays les plus ouverts à la présence féminine au sein de son exécutif national. Ensuite, qu’elle n’a pas eu besoin de loi pour faire de la parité une composante de sa démocratie parlementaire. Aujourd’hui, politiquement au diapason de la réalité sociologique, culturelle et intellectuelle de sa société, elle a presque valeur d’exemple. A une exception près : ladite « Union démocratique du Centre », le plus grand parti de Suisse, reste profondément masculin. Avec à sa tête le paysan saint-gallois Toni Brunner, le Conseiller fédéral zurichois Ueli Maurer, Chef du « Département de la Défense, de la protection de la population et des Sports », de même qu’avec son mentor, le riche industriel zurichois Christoph Blocher, ce parti résolument anti-européen, xénophobe et lié à la nouvelle droite, prouve une fois de plus que l’égalité des sexes n’a vraiment pas sa place dans une formation qui exploite son fonds de commerce en puisant ses sources dans le refus de l’altérité.
Lundi 19 Juillet 2010
Gilbert Casasus - Chroniqueur
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