Les experts persistent: il faut dépénaliser toutes les drogues
Deux ans après l’acceptation en votation populaire d’une loi qui maintient la pénalisation de la consommation et le rejet d’une initiative visant à décriminaliser le cannabis, un rapport élaboré par trois commissions fédérales revient à la charge
- Dépénaliser, mais encore?
- Le texte du rapport
- Editorial. Irréaliste mais…
Lorsqu’il a été publié en juin, le rapport est passé inaperçu. C’est le Tages-Anzeiger qui le met sur le devant de la scène autour d’une proposition sulfureuse: dépénaliser toutes les drogues. Ses chances politiques sont égales à zéro, admet le quotidien zurichois qui la trouve néanmoins intéressante.
Elle n’est en tout cas pas nouvelle. Cela fait plus de vingt ans que les spécialistes réunis dans la Commission fédérale pour les problèmes liés aux drogues (CFPD) recommandent de renoncer à punir la consommation de produits quels qu’ils soient. Divisés au début, les praticiens sont désormais quasiment unanimes à la soutenir. Politiquement, c’est une autre histoire…
Alors, pourquoi y revenir maintenant, deux ans après que le peuple a confirmé la politique des quatre piliers, répression de la consommation comprise, et énergiquement rejeté une dépénalisation limitée au seul cannabis?
«Cette proposition n’est qu’un aspect accessoire de notre travail, explique François van der Linde, président de la CFPD et coauteur du document en cause. L’idée principale était de proposer un concept intégré de lutte contre les dépendances, élaboré dans une perspective de santé publique.»
Intitulé «Défi addictions», le rapport a été rédigé à la demande de l’OFSP par des délégués des trois commissions extraparlementaires spécialisées dans la dépendance: CFPD, Commission fédérale pour les problèmes liés à l’alcool et Commission fédérale pour la prévention du tabagisme. «Le mandat était de réfléchir à un concept de lutte contre les dépendances qui comprenne, outre les drogues illégales, le tabac et l’alcool, des comportements addictifs comme la cyberdépendance et le jeu compulsif» explique Mona Neidhart, porte-parole de l’OFSP.
Pour développer une «approche durable de la politique des addictions», les experts proposent de voir plus loin. Plus loin que la dépendance – certains problèmes de drogue précèdent la dépendance. Plus loin que les substances psychoactives – héroïne et jeu excessif mettent en jeu les mêmes mécanismes neurobiologiques. Plus loin que la politique sanitaire: tous les acteurs doivent être impliqués dans la lutte contre les dépendances.
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