Woerth aurait reçu 150.000 euros en liquide pour financer la campagne de Sarkozy
L'ex-comptable des Bettencourt, entendue par la police hier, livre auprès de Mediapart un témoignage qui, s'il se vérifiait, serait accablant pour le ministre du Travail et le chef de l'Etat.
Nicolas Sarkozy, Eric Woerth, en 2009. (Philippe Wojazer / Reuters)
A chaque jour ses révélations dans l'affaire Bettencourt-Woerthn et celle de ce mardi est explosive. C'est à nouveau le site Mediapart qui la livre, sous forme d'un entretien avec Claire T., l'ex-comptable de Liliane Bettencourt et de la société Clymène, qui gère la fortune de la milliardaire. Après avoir travaillé pendant douze ans au service de l'héritière et actionnaire principale de L'Oréal, Claire T. a démissionné de son poste de comptable à l'automne 2008. Un témoin clé, donc.
Entendue dans la journée d'hier par la police, elle a affirmé dans la soirée à Mediapart qu'Eric Woerth a reçu en tant que trésorier de l'UMP la somme de 150.000 euros en liquide pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy au printemps 2007.
L'entourage de Sarkozy a aussitôt démenti ce matin: «C'est totalement faux.» Les propos de l’ex-comptable de Liliane Bettencourt sont «faux», a renchéri le cabinet du ministre du Travail.
Un peu plus tard sur I Télé, le ministre s'est dit ensuite «outré» des soupçons à son encontre. «Ça fait huit ans que je suis trésorier de mon parti, je pense qu'on a vraiment rien à me reprocher, tout est clair, tout est propre, tout est net», assure-t-il.«Je n'ai jamais touché sur le plan politique le moindre euro qui ne soit pas légal.»
Troisième à démentir, Patrice de Maistre,gestionnaire de la fortune et homme de confiance de de Liliane Bettencourt, qui «conteste formellement» les déclarations de l'ex-comptable le présentant comme un intermédiaire entre la milliardaire et des politiques auxquels elle aurait versé de l'argent.
Enveloppe
Selon le récit de Claire T. à Médiapart, Patrice de Maistre, homme de confiance des Bettencourt et gestionnaire de leur fortune, lui a demandé fin mars 2007 de retirer «une somme trois fois supérieure à l'habitude, à savoir 150.000 euros».
L'ex-comptable affirme n'avoir retiré que 50.000 euros comme le lui permettait son accréditif, remis «à Liliane Bettencourt, qui, dit-elle, a ensuite donné l'enveloppe à Maistre, devant moi».«Et j'ai rempli le carnet de caisse, avec, en regard de la somme, la mention "Bettencourt", que j'ai écrite moi-même. Je faisais toujours comme ça lorsqu'il s'agissait de l'argent destiné aux politiques, car il ne fallait pas de trace écrite»,explique-t-elle, reconnaissant ainsi qu'il n'existe pas de preuves matérielles des dires.
Mais «si Liliane Bettencourt leur donne les carnets de caisse (rendus au moment de son départ fin 2008, ndlr), les policiers pourront vérifier mes dires. Je me souviens de la date de ce retrait destiné à la campagne de Sarkozy: c'était le 26 mars 2007.»
Mais «si Liliane Bettencourt leur donne les carnets de caisse (rendus au moment de son départ fin 2008, ndlr), les policiers pourront vérifier mes dires. Je me souviens de la date de ce retrait destiné à la campagne de Sarkozy: c'était le 26 mars 2007.»
Sarkozy, un «habitué»
Les 100.000 autres euros ont été sortis d'un compte en Suisse à l'initiative de Patric de Maistre, toujours selon Claire T. qui poursuit:«Ensuite, Maistre m'a dit qu'il allait très vite dîner avec Eric Woerth afin de lui remettre, "discrètement" comme il m'a dit, les 150.000 euros. Et le dîner a bien eu lieu très rapidement... »
Pour ne rien arranger, Claire T. préciseque sur ces 150.000 euros, 100.000 proviendraient d'un compte en Suisse.
Pour rappel, le code électoral stipule qu'un particulier n'a pas le droit de faire un don de plus de 4600 euros à un candidat à la présidentielle, et qu'il ne peut verser plus de 150 euros en espèces (voir le détail de la règlementation ici en pdf).
Egalement mis en cause dans ce récit, Nicolas Sarkozy. «Un habitué» de la table des Bettencourt, quand il était maire de Neuilly de 1983 à 2002, et qui «recevait aussi son enveloppe», assure l'ex-comptable. «Tout le monde savait dans la maison que Sarkozy aussi allait voir les Bettencourt pour récupérer de l'argent. C'était un habitué. Le jour où il venait, lui comme les autres d'ailleurs, on me demandait juste avant le repas d'apporter une enveloppe kraft demi-format, avec laquelle il repartait.»
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