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samedi 27 novembre 2010

Et il faut vous demander jusqu'où il faudra aller pour que les gens sérieux se rendent compte que le fait de punir la population pour les péchés des banquiers est plus qu'un crime : c'est une erreur.

 
Mangeons les Irlandais

27.11.10 - 12:06
Ce qu'il nous faut maintenant, c'est un nouveau Jonathan Swift. La plupart des gens connaissent Swift parce qu'il est l'auteur des Voyages de Gulliver. Mais les récents événements me font penser à son pamphlet de 1729, "Une modeste proposition".
Pamphlet dans lequel Jonathan Swift observe la pauvreté des Irlandais et propose une solution : vendre les enfants comme nourriture.
"Je reconnais que ce comestible se révélera quelque peu onéreux, en quoi il conviendra parfaitement aux propriétaires terriens qui, ayant déjà sucé la moelle des pères, semblent les mieux qualifiés pour manger la chair des enfants".
D'accord, de nos jours ce ne sont pas les propriétaires terriens, ce sont les banquiers - et ils ne font qu'appauvrir la populace, ils ne la mangent pas. Mais seul un écrivain satirique - et encore, un écrivain satirique à la plume féroce - pourrait rendre justice à ce qui arrive à l'Irlande aujourd'hui.
L'histoire irlandaise a commencé par un véritable miracle économique. Or, en fin de compte, celui-ci a laissé place à une frénésie spéculative encouragée par des banques qui se sont emballées et par des promoteurs immobiliers, tous très copains avec les hommes politiques au pouvoir. Cette frénésie était financée par d'énormes emprunts contractés par les banques irlandaises, en grande partie auprès d'autres banques européennes. 
Puis la bulle éclata, et ces banques se sont trouvé confrontées à d'énormes pertes. Vous pensiez peut-être que ceux qui avaient prêté de l'argent à ces banques en partageraient les pertes. Après tout, c'étaient des adultes consentants, et s'ils n'avaient pas su comprendre les risques qu'ils encouraient, c'était de leur faute, et celle de personne d'autre. Mais non, le gouvernement irlandais a choisi de couvrir les dettes bancaires, transformant ainsi des pertes privées en dettes publiques. 
Avant l'éclatement bancaire, la dette publique irlandaise était faible. Or, les contribuables devenant soudain redevables pour d'énormes pertes bancaires, alors même que les recettes plongeaient, la solvabilité du pays fut mise en doute. L'Irlande tenta alors de rassurer les marchés avec un sévère programme de réduction des coûts. 
Prenez une minute pour réfléchir à cela. Ces dettes furent contractées, non par des programmes publics, mais par des magouilleurs privés qui ne cherchaient rien d'autre que leur propre profit. C'est maintenant aux citoyens irlandais lambda de porter le poids de ces dettes.
Enfin, pour être plus précis, ils portent un poids bien plus lourd que la dette - parce que ces réductions de coûts ont causé une grave récession, ce qui fait qu'en plus de supporter les dettes bancaires, les Irlandais souffrent aujourd'hui d'une baisse de leurs revenus et d'une hausse du chômage.
Il n'y a pas le choix, pourtant, selon les gens sérieux : tout ceci est nécessaire pour restaurer la confiance. Or, étrangement, la confiance ne revient pas. Au contraire, les investisseurs ont remarqué que toutes ces mesures d'austérité dépriment l'économie irlandaise, et ils fuient la dette irlandaise à cause de cette faiblesse économique.
Et maintenant ? Le week-end dernier l'Irlande et ses voisins ont mis en place ce qui a été décrit comme un "sauvetage". Pourtant ce qui s'est vraiment passé, c'est que le gouvernement irlandais a promis d'infliger encore plus de souffrance, en échange d'une ligne de crédit qui donnerait soi-disant plus de temps à l'Irlande pour, euh, restaurer la confiance. Les marchés, comme on peut le comprendre, ne furent pas impressionnés, les taux d'intérêt sur les obligations irlandaises ayant encore augmenté.  
N'y a-t-il vraiment pas d'alternative ?
Début 2009, il y avait une blague à la mode : "Quelle est la différence entre l'Irlande et l'Islande ? Réponse : une lettre et six mois". C'était censé être de l'humour noir. Quelle que soit la gravité de la situation irlandaise, on ne pouvait pas la comparer au désastre absolu qu'était l'Islande.
Pourtant, à ce stade, l'Islande semble faire mieux, pour le moins, que son quasi-homonyme. Sa crise économique ne fut pas pire que celle de l'Irlande, ses pertes d'emplois moins sévères, et elle semble en meilleure posture pour une reprise. En fait, les investisseurs semblent considérer aujourd'hui que la dette islandaise est plus sûre que la dette irlandaise. Comment une telle chose est-elle possible ?
Une partie de la réponse réside dans le fait que l'Islande a laissé les créanciers étrangers des banques qui s'étaient emballées payer le prix de leur propre manque de jugeotte plutôt que d'obliger ses propres contribuables à garantir de mauvaises dettes privées. Comme le note le Fonds monétaire international - d'un ton approbateur ! - "les faillites du secteur privé ont entraîné un déclin significatif de la dette extérieure". Dans le même temps, l'Islande a permis d'éviter une panique financière en partie en imposant des contrôles temporaires sur les capitaux, c'est-à-dire en limitant la possibilité pour les résidents de sortir des fonds du pays.
L'Islande a également bénéficié du fait que, contrairement à l'Irlande, elle possède encore sa propre monnaie : la dévaluation du krone, qui a rendu les exportations islandaises plus compétitives, fut un facteur important dans la limitation de la crise islandaise.
Aucune de ces options hétérodoxes n'est envisageables pour l'Irlande, selon les sages. L'Irlande, disent-ils, doit continuer à infliger des souffrances à ses citoyens, parce que faire quoi que ce soit d'autre saperait fatalement la confiance.
Mais l'Irlande est maintenant dans sa troisième année de rigueur, et on dirait que la confiance ne fait que s'épuiser. Et il faut vous demander jusqu'où il faudra aller pour que les gens sérieux se rendent compte que le fait de punir la population pour les péchés des banquiers est plus qu'un crime : c'est une erreur.

Paul Krugman
© 2010 New York Times News Service

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